CAS PRATIQUES

UNE ÉPICERIE DE QUARTIER

EN TANT

QUE SYSTÈME :

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LE PROJET DE CRÉATION (Phase 1)

ET

LA GESTION DU SYSTÈME CRÉÉ (Phase 2)

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LE CONTEXTE DU CAS

RAPPEL

Ce cas, long, est volontairement présenté comme une nouvelle littéraire, et ce pour deux raisons :

1. avec la crise, c’est un cas d’actualité aiguë. En effet les délocalisations accélérées mettent un nombre croissant de travailleurs et de travailleuses en chômage. Il leur faut « rebondir » pour ne pas rester des assistées permanentes ;

2. en France, aucune méthodologie éprouvée n’a été mise en place pour traiter de telles situations (cf. Les Rapports de la Cour des

Comptes). La création de l’organisme « Pôle-Emploi » chargé d’apporter des solutions s’est faite à l’emporte pièce, alors que la méthodologie de

l’Approche Globale

Système »aurait permis d’obtenir

un

rapport

« bénéfices/coûts »,

« avantages/inconvénients » en

rapport

avec

l’importance et l’urgence de ce très grave problème.

 

 

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Le cas comporte deux phases :

Dans une première phase : il s’agit de traiter le projet de création du « système : épicerie de quartier » par une femme,

Catherine ;

dans une deuxième phase: il s’agit de montrer comment fonctionne le « système Epicerie de quartier de Catherine »

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Le récit détaillé permet, à l’enseignant comme à l’apprenant, d’analyser en profondeur des situations concrètes, de retrouver, d’une manière attractive, tous les concepts qui sont présentés dans le site et de les appliquer toujours dans une approche globale.

Le thesaurus est l’outil de référence adapté pour traiter ce cas.

Par ailleurs, si ce cas est limité à l’entité « Le Système de Catherine en tant qu’Epicerie de quartier », il ouvre aussi la porte à l’étude d’autres systèmes : les systèmes « fournisseurs » ; « clients » ; « administrations » etc.

PHASE 1 :

CATHERINE FACE À UN DESTIN NOUVEAU :

LE PROJET DE CRÉATION D’UNE « ÉPICERIE DE QUARTIER »

Il y a 4 ans la surprise avait été, totale, terrible. Le matin de la reprise du travail, les

vacances terminées, Catherine et ses camarades s’étaient trouvés bloqués s’agglutinant

devant les grilles de l’usine : « Au Beau Jouet de Bois» dans laquelle elle travaillait. Le portail

d’entrée était fermé à l’aide d’une grosse chaîne dont les extrémités avaient été cadenassées.

Le moment de stupeur passé, passé, une fois le cadenas sauté, le personnel de l’entreprise dût

se rendre à l’évidence : tout avait disparu des locaux. Les ateliers étaient vides. De même les

bureaux avaient été totalement dévalisés : ordinateurs, bureaux, armoires, même les

corbeilles à papier : il ne restait rien. Les gorges se nouèrent, des cris, des jurons, des

hurlements fusèrent. Chacun fut saisi d’une terrible angoisse : celle de la perte de son travail.

Après une enquête de voisinage, on apprit alors, qu’en effet un va-et-vient de gros

camions semi-remorque, aux immatriculations étrangères avait eu lieu pendant la période des

vacances. Cependant personne ne s’en était inquiété outre mesure. Il est vrai aussi que l’usine

était installée dans une zone industrielle et que les passages de camion de forts tonnages

n’attiraient pas plus spécialement que cela l’attention des gens. On avait également vu le

directeur, qui, avec l’aide de larges subventions, avait repris l’usine il y a deux ans, faire de

fréquents allers-retours dans sa grosse cylindrée.

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Une fois la nouvelle abasourdissante répandue, les autorités locales, maire, député, sénateur, préfet s’étaient insurgées contre cette voie de fait. La presse en avait fait largement

écho, mais la réalité était là : l’outil de production avait été volé, comme l’avaient également

été les outils de gestion dont les ordinateurs, mémoire de l’entreprise.

Pour Catherine, le choc fut d’autant plus dur à encaisser qu’avec un simple CAP de comptabilité, obtenu il y 20 ans, de simple apprentie, elle avait fait une belle carrière dans l’entreprise en gravissant progressivement les échelons. Pour cela elle avait été encouragée par le père fondateur de l’entreprise Monsieur Ralestre. Ce dernier avait détecté chez elle son sa vivacité et son intelligence. Certes Catherine n’avait pas poursuivi des études au-delà d’un simple CAP, mais par ses compétences elle révéla rapidement de précieuses qualités d’initiative, de très bonne gestionnaire et de grand dévouement. Ces dernières contrebalançaient ce caractère impétueux et bien trempé, parfois à la limite de la politesse, caractère dont elle faisait montre de temps à autre. Elle était ainsi devenu la responsable du service comptable et financier.

Le déroulement de sa carrière s’était ainsi très bien développé jusqu’à ce que Monsieur

Ralestre, touché par la retraite avait dû céder son entreprise à un repreneur, Monsieur Dutor.

On ne connaissait que très peu de choses de ce dernier, si ce n’est qu’il était un beau parleur. Face à son bagout, à la prétention de son carnet d’adresses, les autres repreneurs potentiels du « Beau jouet de Bois » n’avaient pas fait le poids. A l’aide de brillants diaporama

PowerPoint, innovateurs pour les parties prenantes de la situation, il avait présenté aux autorités, son business plan, attestant qu’il allait donner un nouvel essor, plein de dynamisme à l’entreprise.

Il faut aussi avouer que cette dernière devait faire face avec de plus en plus de difficultés, aux données technologiques de l’arrivée en masse de nouveaux matériaux de fabrication, aux données des changement de goût des consommateurs, les jouets en bois perdant de leur attrait et de leur charme auprès des nouvelles générations de parents. Mais surtout les données économiques de la mondialisation commençaient à déferler. Les chants de la prophétie d’un bonheur si tant vanté pour tous étaient passés du stade de rêve au stade d’une réalité cruelle. Certes les cours de la bourse flambaient, de manière hyper-rémunératrice et joyeuse pour certains, mais cruelle pour de nombreuses entreprises. Les personnels à se

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retrouver sur le carreau, déboussolés ne pouvant que très rarement retrouver un sens à une vie qui venait d’être brisée. Le Beau Jouet de bois n’avait pas été épargné. Il avait fallu faire un premier Plan Social. Catherine avait également été très surprise par les méthodes de gestion de M. Dutor, car si différentes aides avaient bien été portées au crédit de l’entreprise, M. Dutor en avait fait virer une très large partie à une certaine société sous un vague prétexte d’une commande de bois qui viendrait des Balkans. Catherine en avait informé M. Ralestre, mais ce dernier, compte tenu de son âge et de ses problèmes de santé, lui avait signifié qu’il lui était impossible d’intervenir. Catherine s’était ainsi retrouvé au chômage, certes avec des allocations, mais sa vie était brisée.

Depuis cette funeste rentrée de vacances, alors que huit longs mois douloureux s’étaient écoulés Catherine broyait donc du noir. Entre temps elle avait multiplié à l’encan les démarches auprès des entreprises de la région, mais comme le bassin d’emploi était lui-même sinistré, rien n’avait abouti. Elle avait également démarché les différentes entreprises de formation, avait suivi plusieurs d’entre elles. Notamment celle de responsable commercial qui l’avait particulièrement intéressé. Elle était fière du certificat que le président de la chambre de commerce lui avait décerné en grande fanfare lors d’une remise des diplômes. Son intérêt pour le « commercial » était d’autant plus vif qu’engagée dans la vie associative, elle s’était

beaucoup démenée, ces dernières années, pour quérir des subventions auprès des

entreprises, des collectivités territoriales et de tout organisme susceptible d’abonder le budget associatif dont elle était la responsable.

Ragaillardie par l’obtention son certificat de formation commerciale, elle avait adressé par rafales successives son Curriculum Vitae, élargissant progressivement le cercle de ses envois. Ces démarches n’avaient pas été vaines, car on lui avait proposé deux postes, mais ceux-ci imposaient que toute la famille déménager à des centaines de kilomètres. Or, son mari travaillait en tant qu’employé municipal aux espaces verts de la ville. En cas de déménagement, il n’était pas assuré de retrouver automatiquement son poste dans la nouvelle cité où la famille devrait habiter. Bien plus ils avait aussi construit son petit cocon d’habitudes agréables, de possibilités d’horaire de travail fort accommandantes. Compte tenu des emprunts qui couraient sur la maison, en fonction de l’incertitude qui régnait sur la période d’essai à laquelle Catherine serait soumise, ainsi que le manque de rentrée d’argent qui

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découlerait de la perte d’emploi du mari, même ce dernier pouvait se mettre en congé sans solde, le budget de la famille serait mis à mal. Les risques de contraintes diverses se dévoilaient au fur et à mesure des conversations familiales : le cocon de l’époux, les scolarités des enfants, leurs copains et copines, les compétitions sportives, l’argent, les relations, un nouveau lieu de résidence inconnu … toutes les activités bien rodées, routinières devaient être revues pour s’intégrer dans un ensemble de nouveaux projets.

Dans le fond d’elle même si Catherine était disposée à prendre le risque d’une vie nouvelle, son époux y était farouchement hostile. En conséquence la vie du ménage tanguait parfois beaucoup. Cette situation affectait le comportement des enfants dont l’adolescence

était par ailleurs confrontée aux problèmes classiques de cette période de la vie

Catherine, piaffante, ruminante continuait à baigner dans l’indécision, appréhendant difficilement les données de la situation. Elle qui, d’un petit poste de simple comptable, avait acquis une responsabilité éminente dans son entreprise, ne se résignait pas à être revenue à une base « zéro ». Les sirènes de l’émigration la tentaient même afin d’entreprendre une vie entièrement nouvelle. Ainsi dans sa tête tournaient les paysages enneigés du Canada, contrastant avec ceux ensoleillés de l’Australie. Mais quand il en parlait à son époux, des hurlements jaillissaient invariablement de la gorge de celui qui se trouvait si bien au chaud dans ses pénates, et ce d’autant plus que diverses aides permettaient encore de tenir un certain niveau de vie. La vie devenait de plus en plus difficile pour le couple.

Un soir, alors que tout le monde avait le regard maussadement collé au poste de télévision, le téléphone sonna. Le voisin, du Tonton Charles de Catherine, l’informait du décès subit de ce dernier. Il lui demandait de se rendre immédiatement sur les lieux afin de remplir les formalités administratives. Tonton Charles qui vivait à 300 km de chez eux. C’était un personnage hors du commun. Dans sa jeune vie d’adulte, il avait quitté la ferme familiale pour émigrer aux Etats Unis. Il ne s’exprimait jamais sur ce qu’il y avait fait, mais toujours est-il qu’il en était revenu, une dizaine d’années plus tard, fortune faite. Par coïncidence peu de temps après son retour, son père qui était veuf décéda. Dans le partage, moyennant un apport financier à son frère et sa sœur, tonton Charles acheta la partie de la ferme familiale qui se tenait dans le bourg. Le corps de ferme était composé d’une maison d’habitation donnant sur la Place du marché, alors qu’une voie cochère conduisait à un hangar. A l’arrière des bâtiments

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un grand un terrain était également compris dans le lot. Le bourg était à 6 kilomètres d’une grande ville. Cette opération s’était déroulée il y avait maintenant près d’un demi-siècle.

Tonton Charles n’était pas intéressé par l’agriculture, mais était un passionné de mécanique. Il avait acquis des capacités sensorielles remarquables de détection des pannes mécaniques. Grâce à son ouïe fine, il analysait les bruits en provenance de telle ou telle partie du moteur, son odorat lui permettait d’identifier l’origine des odeurs diverses, (carburant, combustible, caoutchouc, etc.), sa vue analysait les couleurs des gaz brûlés de l’échauffement des métaux, son toucher lui permettait de détecter l’intensité des chaleurs en provenance de différentes sources et bien entendu de détecter le passage de certain courant électrique. Il avait ainsi mémorisé dans sa tête un riche ensemble d’expériences et de connaissances, qualités d’immigré qui avaient très appréciées aux USA. C’est pourquoi, par passion, il décida de transformer le hangar agricole en garage qui non seulement s’occupait des automobiles, mais également du matériel agricole qui, à cette époque commençait à connaître, avec l’arrivée des tracteurs, un développement qui irait en s’accélérant pendant encore un bon nombre d’années.

C’est chez ce Tonton Charles que Catherine pu se passionner de mécanique. En effet, quand elle était adolescente, elle allait passer régulièrement les vacances chez son oncle qui lui laissait toute liberté pour fouiner, bricoler, dans tout ce qui était moteur, de voitures, de motos ou de mobylettes. Une grande connivence s’établit ainsi entre l’oncle et la nièce.

Pendant les vacances Catherine servait aussi les clients à la pompe à essence dont Tonton Charles avait eu la concession. Cette connivence se transforma en affection particulière quand

Tonton Charles, qui n’avait pas d’enfants devint veuf. En effet, Catherine entoura alors son oncle des plus grandes attentions, lui rendant visite régulièrement ou l’invitant chez elle pour les fêtes de Noël. Ce dernier lui avait du reste répété à différentes reprises : « un jour tu verras, tu reprendras cette affaire ».

Tonton Charles venait donc de décéder. De grosses larmes apparurent aux yeux de Catherine qui revit toutes les joies de cette adolescence de mécano. Sur le champ, elle décida de prendre sa voiture, de rouler de nuit pour régler au mieux toutes les formalités qui découlaient de cette disparition. A l’occasion des obsèques qui eurent lieu le surlendemain,

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Catherine revit ses deux cousins et sa cousine. Ils décidèrent alors d’un commun accord de passer le plus rapidement possible le notaire afin de solder le problème de l’héritage.

Cette rencontre pu se dérouler le lendemain. Là, Catherine apprit que son oncle avait fait un testament : il lui léguait l’ensemble de ses biens immobiliers, étant donné que ses

différents placements financiers étaient partagés entre ses cousins et sa cousine.

De nouvelles cartes venaient donc d’être distribuées à Catherine pour gérer son avenir.

Un garage, certes en perte de vitesse, était à sa disposition pour une nouvelle orientation professionnelle. Cependant, si le fait de recevoir un patrimoine assez conséquent, lui apportait une grande satisfaction, se replonger dans la mécanique, l’enchantait moins. En effet, la technologie numérique envahissait tout dans le domaine de l’automobile et maintenant, ce n’était plus les qualités humaines qui importait le plus pour établir le diagnostic de réparation, mais la fameuse « valise ». Cette valise, truffée de capteurs, de microprocesseurs, de sondes était devenue, au fil des années, de plus en plus intelligente. La réparation automobile, reposait désormais sur la kitification des pièces de mécanique. La nécessité de faire appel au savoir propre de l’être humain n’avait lus raison d’être. Du reste, depuis la période de l’adolescence de Catherine, la dizaine de mécanicien s’était réduite à deux employés et l’âge d’or des tracteurs avait disparu, les réparations de ces derniers se faisant désormais chez les

concessionnaires.

A la sortie de l’entretien chez le notaire, toute la famille se rendit dans la maison de Tonton Charles. On décida alors de la répartition des différents meubles. Un de ses cousins lui

dit alors : « Catherine, te voilà garagiste ». Catherine acquiesça, mais sans grand

enthousiasme. Elle décida alors de vaquer autour du garage et du terrain attenant. Là il se rendit compte qu’au delà du champ, des lotissements, des immeubles, avait poussés comme des champignons. Une zone d’activité avait été créée. Comme le bourg le garage de tonton

Charles était désormais une verrue anachronique dans au milieu d’un environnement urbain.

Du stade de sport qui était tout proche, s’éleva une clameur. Catherine pensa à l’association sportive dans laquelle elle était fortement engagée. Le hangar était certes encore en bon état, mais Catherine se rendit compte que pour en faire un outil performant, cela nécessiterait un investissement assez conséquent. Elle n’arrivait toujours pas à s’imprégner de pouvoir

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retrouver cet univers de la mécanique qu’elle avait tant aimé dans son adolescence. Tout cela lui semblait désormais désuet.

Une idée comparative jaillit alors à son esprit : « Je me croirais dans la commune de

Boliers quand un hangar d’origine agricole, qui s’est trouvé intégré dans le développement urbain accéléré a été transformé en une supérette discount». Sans trop se prendre au sérieux, une réflexion « et si j’en faisais autant ? » lui vint à l’esprit.

Sur le chemin du retour dans sa famille, une idée ne cessât de la tarauder : « quel va être mon nouveau destin ? ». Le lendemain elle avait pris sa décision : nonobstant les réticences de son mari elle créerait son « épicerie de quartier. Son objectif était certes de subvenir à ses besoins et ceux de sa famille, mais elle avait comme ambition de satisfaire son ego de réalisation sociale. Ses motivations pour réussir étaient très fortes. Pour arriver à ses fins, Catherine déclencha un conflit d’intérêt dans sa famille. En effet, son mari estimait qu’il aurait été beaucoup plus utile de vendre la propriété dont elle avait hérité à des promoteurs immobiliers, et de bien vivre confortablement plutôt que de se lancer dans un projet commercial qui présentait bien des inconnues.

Pour arriver à la création de son épicerie, Catherine fit un « parcours de combattant » qui lui demanda beaucoup à tout point de vue.

LA SUITE DE LA PRÉSENTATION

DE LA PHASE 1

SERA DISPONIBLE

DANS LA VERION BETA 0.3.

PHASE 2

CATHERINE GÈRE

SON SYSTÈME : L’ÉPICERIE DE QUARTIER

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version beta 0.1

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Si les journées de Catherine sont de 10 à 12 heures de travail, quand elle regarde où il est arrivé depuis sa prise de décision il y a deux ans, elle en éprouve une grande satisfaction… .

LA SUITE DE LA PRÉSENTATION

DE LA PHASE 2

DU CAS SERA DISPONIBLE

DANS LA VERSION BETA 0.3.

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